Les  BORNES MILLIAIRES
                                  Les  COLONNES ITINERAIRES

dernière maj : 6 / 11 / 2004


 

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VOIES   ROMAINES

TABLEAU   GENERAL

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  Définitions - Appellations.

  On utilise souvent le terme "milliaire" pour qualifier les bornes ou colonnes itinéraires romaines, mais cette appellation globale n'est pas toujours justifiée:
- "milliaire" signifie que ces bornes indiquaient des distances en "milles" romains (il est probable qu'il y ait eu une borne tous les milles romains, comme notre bornage moderne; des bornes étaient aussi disposées en des endroits particuliers: carrefours, agglomérations, ponts, gués, monuments, frontières provinciales, ...). Mille pour mille pas; ce qui est curieux quand on se rend compte que le mille romain mesurait 1.481 mètres. Essayez donc de faire des pas de  1,48 m. !!!  En fait, l'unité de base était un double-pas, ce qui ramène le pas à des proportions plus raisonnables (0,74 m., valant 2,5 pieds romains), surtout si l'on souligne que la taille moyenne des hommes de l'époque était inférieure à celle de nos condisciples. Donc: un mille romain = 1.481 mètres  ( 1.478  à 1.482  selon les auteurs, ou selon les mesures ).
Abréviation sur les bornes milliaires:  M P  (pour  millia passuum).
Nota: diverses valeurs du pied (donc du pas) ont pu être utilisées, ce qui a amené en certains points l'accumulation de bornes distinctes indiquant la même distance, mais décalées. (il y avait aussi dans ce cas l'affirmation de la suprématie de l'autorité de celui qui refaisait le bornage, par rapport à celui qui avait effectué le bornage initial)
- les bornes itinéraires étaient généralement libellées en milles romains dans les premiers territoires occupés, et dans les territoires ayant acquis la qualité de province romaine. Mais dans les territoires plus septentrionaux (Gaule "chevelue"), d'autres mesures ont été utilisées: la lieue romaine, de 2.220 mètres (soit 1,5 mille), et la lieue dite "gauloise" de 2.415 mètres. On parle alors de bornes "leugaires".
Indication sur les bornes :  L ,  ou  LEUGA  (LEUCA, LEUVA).
( voir, sur ce sujet, l'étude accessible sur Internet de  J. DASSIE )
  Cette déviation par rapport à la méthodologie stricte romaine était destinée à assurer la colonisation "en douceur" des territoires conquis, en évitant de rompre avec les habitudes locales.
  D'autres mesures ont aussi été utilisées localement dans d'autres parties de l'empire (Espagne, Grèce, Afrique, Égypte).

  
 
Aspect physique.

  La plupart des colonnes itinéraires sont des monolithes (pierre d'un seul bloc), réalisées avec la pierre locale (calcaire, grès, ou granit, parfois marbre en Italie).

  La majorité se présente sous la forme d'un cylindre (ou d'un tronc de cône) s'élevant sur une base carrée; la hauteur était à l'origine de 1,80 m. à  2,50 m., le diamètre moyen de 45 à 60 cm. (le poids d'un tel monolithe atteint  2 tonnes) C'est ce que nous pouvons qualifier de colonne-type.
Ce fût cylindrique était parfois orné de liserés, astragales, ou d'un chapiteau de couronnement (surtout sur les voies à fort trafic autour de Rome).
  Mais il existe de nombreuses variantes, car l'installation a duré près d'un millénaire, et la fabrication était en général locale:
-  certaines colonnes présentent des méplats; l'inscription est alors faite sur une surface plane, au lieu d'être réalisée sur la surface normalement bombée.
-  il y a parfois (rarement) une plaque plane gravée, portée par le fût cylindrique; plaque de pierre monolithe ou rapportée. (voir  VOLLORE-Ville)
(cette disposition fut par la suite utilisée sur les routes royales, du 17° au 19° siècle)
-  il y a quelques exemplaires de bornes de section carrée ou rectangulaire, et des dessins de bornes pyramidales.
-  il y a également eu des réemplois - à l'époque- de colonnes réalisées pour d'autres édifices (inachevés ou remplacés), ce qui se traduit par des dimensions très différentes de celles de la colonne-type. (diamètres de 0,20 à 0,30 m., bases et chapiteaux ornés)
- enfin, certaines bornes sont de véritables oeuvres d'art; ces raretés sont principalement situées sur différentes sorties de la ville de Rome.

Différents types de bornes itinéraires :
 

  Implantation.

 Il est assez difficile de préciser le mode d'implantation des bornes milliaires lors de leur mise en service, parce que l'on dispose de peu de cas de bornes consécutives encore en place (ou peu déplacées). Les cas les plus représentatifs sont peut-être sur la Via DOMITIA, entre  ARLES  et  NARBONNE.
( à contrario, on a bien retrouvé 4 bornes consécutives à  FEURS, portant les distances  I, II, III, et IIII, mais on les a retrouvées dans un même lieu, et l'on se demande si elles ont été réellement mises en place)
  Bien sûr, on peut penser que ces bornes étaient implantées comme des bornes actuelles le long des autoroutes, à distances fixes. Par contre, il est flagrant que de nombreuses bornes figurent à proximité immédiate de points remarquables: carrefours, ponts et gués, sommets. On est ainsi devant un mélange de bornes type actuel DDE (espacées régulièrement le long de la voie) et de bornes "Michelin" des années 1920, situées uniquement aux carrefours.
  Une autre caractéristique à souligner est le caractère diversifié des indications (bien que l'existence même de ces bornes sur l'ensemble du réseau romain présente un aspect normatif d'identité). Les lieux et les mesures indiqués étaient en général propre à un territoire (province ou colonie), d'où l'indication "ad fines" lorsque l'on arrivait à la frontière, semblant ignorer ce qui se trouvait de l'autre côté de la frontière.
  L'origine des mesures (le point "zéro") était souvent local; c'était la ville la plus importante de la région, la capitale officielle ou la ville la plus active (exception faite de bornes monumentales symboliques: le milliaire d'or à ROME -point zéro de l'empire-, ou -peut-être- la porte d' Auguste à NIMES). Une même voie pouvait ainsi comporter plusieurs points "zéro", apparaissant sans doute au fur et à mesure du développement ou de la réfection de la voie, ou du développement des villes.

 Un autre aspect de la civilisation romaine a été la centuriation, qui a consisté en un découpage régulier du territoire, un véritable travail de relevés topographiques. Il n'est pas étonnant que les voies tracées aient suivi -globalement- ce découpage, ce qui expliquerait les bornes à la fois à intervalles réguliers, et aussi près des points remarquables, souvent pris comme point de départ des relevés.

  A noter que le découpage dû à la centuriation est resté effectif lors de la délimitation des paroisses lors de l'expansion chrétienne, et est encore visible sur la découpe cadastrale. (il en est de même du tracé des aqueducs, autour desquels un espace inviolable était prévu par la loi, et qui fut ensuite respecté lors du découpage des parcelles du cadastre).

    Inscriptions - Épigraphie.

  Le sujet des colonnes itinéraires  nécessite d'aborder un autre domaine des civilisations antiques: l'épigraphie, c'est-à-dire la science concernant l'écriture sur des matériaux durables.  (Petit LAROUSSE: science auxiliaire de l'histoire qui étudie les inscriptions gravées sur des supports durables -pierre, métal, bois, terre cuite, etc...-)

  La plupart des colonnes itinéraires ont été gravées pour servir de bornes indicatrices.
  Les inscriptions complètes comportent:
- une dédicace à l'autorité (empereur, consul, ...) qui a réalisé ou refait la voie, avec ses titulatures (ses "titres": empereur, caesar -ce fut un titre après la vie de l'original-, consul, proconsul, auguste -idem que pour caesar-, puissance tribunicienne, vainqueur de tel ou tel peuple), et parfois sa filiation. Les formules ont varié selon les régimes, mais cette inscription est toujours la plus importante -parfois, c'est la seule- sur la colonne. Les titulatures sont historiquement très importantes, car celles qui étaient à renouvellement annuel - la plupart- permettent de dater avec précision la réalisation des voies. (exemples: COS III  indique un titre de consul pour la 3° fois, TRIB POT V indique une puissance tribunicienne pour la 5° fois). Les récits historiques des auteurs latins (Sénèque, Strabon, César lui-même, etc...) nous précisent les dates exactes de ces titulatures.
- une (ou plusieurs) indication(s) de villes importantes sur le parcours, avec les distances. (exprimées, comme on l'a vu plus haut, en milles (MP) ou en lieues (L).
Les distances étaient aussi parfois indiquées jusqu'aux frontières du territoire (ad fines = jusqu'à la frontière)

*** NOTES concernant l'épigraphie:
   a - les inscriptions sont en latin -quelques-unes en grec-, mais avec de nombreuses abréviations: IMP pour imperator, CAES ou CAS pour caesar, COS ou C  pour consul -ou Constantinus-, TRIB POT  ou  TRP  ou  TP pour tribunicia potestate, AVG pour auguste -ne pas oublier que le sigle U actuel n'existait pas à l'époque-, PF pour pius felici (pieux et "bienheureux"), INV  ou  I  pour invictus (invaincu), PP  pour pater patriae (père de la patrie), P MAX  ou  PM  pour  pontifex max (très grand pontife), etc ...
 Les abréviations sont très utilisées - certaines inscriptions sont composées uniquement d'abréviations -, ce qui, joint au fait que les inscriptions ne sont pas toujours facilement discernables, entraîne des interprétations différentes selon les auteurs d'analyses épigraphiques.


 exemple d'inscription

   b - les inscriptions comportent des ligatures, parfois ambigües; une ligature consiste soit à grouper deux lettres écrites avec un seul sigle, soit à utiliser une partie d'une lettre pour configurer la suivante. Il est impossible de représenter ces artifices sur un clavier d'ordinateur, pour la bonne raison que ces sigles ne sont pas inclus dans les jeux de caractères actuellement utilisés. (C'est pourquoi j'envisage de créer une police de caractères comportant ces sigles; il existe certaines polices commerciales, mais incomplètes et hors de prix).

 Pourquoi les nombreuses abréviations et ligatures ? c'est uniquement par économie, -certains diront par paresse-, et pour hâter la réalisation. Les "lapicides" (le terme est assez amusant, il n'est pas dans le LAROUSSE, mais est utilisé par les spécialistes pour désigner les tailleurs et graveurs de pierre) gravaient d'après un texte qui leur était remis, mais il est à supposer que beaucoup étaient illettrés, et reproduisaient au mieux, et parfois donc à l'économie, les "signes" qui leur étaient proposés.

  Les épitaphes, ex-voto, ou dédicaces monumentales sont en général beaucoup mieux réalisés que les inscriptions sur les bornes: écriture fine, calibrée, parfaitement alignée, beaucoup moins d'abréviations.

   c - certaines bornes ne comportent aucune inscription; elles sont dites "anépigraphes". On peut bien sur, dans ce cas, douter de leur rôle de borne milliaire. (certaines n'ont manifestement jamais été gravées; on peut supposer que certaines inscriptions étaient peintes, et ces inscriptions ont naturellement disparu)

   d - des fautes ou omissions sont fréquentes; simplement pour le fait qu'il est impossible de retoucher une gravure dans la pierre (ou alors il faut tout recommencer !).
 Certaines présentent des tentatives de correction, souvent maladroites: insertion d'une lettre entre deux autres, inversion de deux lettres ("rattrapage" improvisé), report d'une lettre en fin de ligne (le lapicide ayant sans doute pensé: l'essentiel, c'est que toutes les lettres figurent).

   e - l'écriture de la langue latine de l'époque ne prend pas en compte la séparation des mots -pas d'espace- et la continuation des lignes, d'où certaines confusions lorsqu'il y a des abréviations successives.  Toutefois, à partir d'une certaine époque, il existe des inscriptions avec des séparations de mots nettement indiquées (points, ou triangles, ou losanges).

   f - certaines bornes comportent plusieurs inscriptions successives; ceci est dû au fait que les autorités qui réparaient une route avaient également droit à la reconnaissance des utilisateurs, et faisaient inscrire leurs titres après la première inscription qui était en général celle du créateur de la voie. (on peut supposer que certains "curateurs" n'ont pas eu cette délicatesse, et ont complètement fait disparaître la première inscription pour imposer la leur, ce qui pourrait expliquer la coupe ovoïde de certaines bornes).
( on a pu dénombrer jusqu'à 7 inscriptions sur une milliaire)

   g - certaines inscriptions ont été effacées dès l'époque, par martelage de la pierre. C'est le cas des noms et titulatures de certains empereurs "condamnés à l'oubli" , lors de leur disparition.

   h - la qualité et la lisibilité des inscriptions sur les bornes sont très variables; leur élaboration locale, par des artisans divers, utilisant des matières premières locales expliquent ces diversités.
 Les lettres font de 4 à 20 cm. de haut, cette hauteur variant parfois énormément sur une seule borne; les lignes sont très rarement horizontales; le tracé des caractères varie du plus fin et stylé au grossier à peine lisible.

   i - pour ceux qui auraient oublié le principe de numération romaine:

 7 sigles principaux:  I  pour 1(un),  V  pour 5(cinq),  X  pour 10(dix),  L  pour 50(cinquante),  C  pour 100(cent),  D  pour  500(cinq cents),  M  pour  1000(mille).
 Un chiffre est composé de ces divers sigles, disposés dans l'ordre décroissant d'importance; il suffit d'additionner la valeur des différents sigles pour obtenir la grandeur en chiffres arabes:

exemples:  II = 2, III = 3, IIII = 4,  VI = 6,  XIII = 13,  XXXII = 32,  CCLI = 251,  MMDLXX = 2570.

 sauf lorsque l'ordre de valeur des sigles n'est pas décroissant, auquel cas la valeur du sigle est soustraite du suivant (souci d'économie du nombre de sigles utilisés):

exemples:  IV = 4 ( 5-1, équivalent à  IIII),  IX = VIIII = 9,  XC = LXXXX = 90,  CMXIV = 914.

Nota: du fait de ce système, l'écriture d'un nombre peut être faite par plusieurs combinaisons.
La numération romaine ne comportait pas de "zéro" -représentant l'absence d'objet-, ce qui interdisait l'arithmétique telle que nous l'envisageons actuellement, et entraine que la position d'un chiffre dans la représentation d'un nombre n'est pas significative.

   j - La traduction des textes latins portés sur les milliaires est variable selon les traducteurs, pour une raison simple: la langue latine ne comporte pas d'articles, au sens actuel; le "rôle" d'un mot est défini par sa terminaison (déclinaisons: rosa, rosa, rosam, rosae, rosis, rosarum, etc ...); or, du fait des abréviations, nous n'avons pas souvent la terminaison des mots.  IMP peut signifier: l'empereur, à l'empereur, les empereurs, aux empereurs, etc ...
 Les traductions font souvent appel à des comparaisons avec des textes plus complets du même sujet ou de la même époque.

  k - Autre remarque, qui est évidente (mais qui, comme telle, n'a pas immédiatement justifié une mention de ma part !) : l'écriture romaine ne comprend qu'un type de caractères, que nous appelons aujourd'hui "majuscule". Cette particularité, ajoutée à celles mentionnées ci-dessus (abréviations, non séparation des mots, coupures arbitraires en fin de ligne) ne facilite pas l'interprétation des inscriptions.

  Nomenclatures.

 Il en existe assez peu de générales, permettant de retrouver les bornes milliaires. Par contre, d'importants recueils d'inscriptions latines ont été établis au cours du  19° siècle, et de nombreux addenda ont été établis par la suite.

  Le monument incontournable reste le  CIL (Corpus inscriptionorum latinarum) initié par l'allemand  Theodor MOMMSEN, assisté d'une importante équipe. Cette publication recense toutes les inscriptions latines relevées au cours du  19° siècle, et auparavant, y compris des inscriptions illisibles. L'ouvrage complet comprend 16 tomes, et est rédigé entièrement en latin. Cet ouvrage considérable est d'autant plus important qu'il cite des inscriptions aujourd'hui disparues (objets perdus ou détériorés), ou illisibles (la pollution n'avait pas encore sévi). Par contre, la localisation des inscriptions n'est pas toujours précisée, ou bien les objets portant les inscriptions ont été déplacés.
  De ce recueil global a été tiré un 17° tome ("Miliaria Imperii Romani"), consacré exclusivement aux bornes milliaires.  Le volume CIL 17-2 concerne plus spécialement les bornes que l'on peut trouver en Europe occidentale ("Miliaria provinciarum Narbonensis Galliarum Germaniarum").

  Un autre recueil, publié sous forme de fascicules périodiques, a pris le relais du CIL: c'est  l' AE "l'Année Épigraphique", qui parait régulièrement depuis 1888.

  D'autres recueils existent également, mais partiels, portant soit sur un sujet précis, soit sur un région délimitée  (voir bibliographie "Inscriptions latines").

  De nouvelles études sont plus récentes: Gerold WALSER a repris le  CIL consacré aux bornes milliaires, en le rendant plus complet et plus facile à consulter (1986), et d'autres réalisations sont en cours, principalement à l' Université de ZÜRICH (suite de l'oeuvre de G. Walser par  Anne KOLB), et la mise en ligne sur Internet conjointement par l' Université Goethe de FRANCFORT et l' Université catholique d' EICHSTÄTT - INGOLSTADT, sous la direction de  Manfred CLAUSS. ( voir "Liens")

  Ce qu'il en reste.

  C'est finalement le sujet que je voulais aborder, par l'illustration !
 Il se trouve que je connaissais des bornes milliaires sans le savoir (j'étais passé plus de cent fois à côté, sans soupçonner leur nature); lorsque j'ai réalisé cette lacune, j'ai cherché à savoir ce qui restait de ces modestes monuments. Et ma curiosité n'a pas été déçue; car le sujet est passionnant, et nécessite de véritables enquêtes policières.
   1) de très nombreuses bornes, répertoriées au 19° siècle ou avant, ont été perdues.
   2) de nombreuses bornes, bien visibles et dont l'inscription est lisible, n'ont jamais été répertoriées.
   3) de nombreuses bornes ont été réutilisées: dès les premiers siècles chrétiens, dans la construction des églises (voir  VALENCE), l'implantation des croix de carrefours (voir VAGNAS, St GERMAIN) et la réalisation de tombeaux (voir BRUERE-ALLICHAMPS, CENON), bénitiers (voir St PAUL d'Izeaux, SAILLANS), et plus récemment dans des réalisations des plus hétéroclites: fontaines (voir  CHANAS), monuments aux morts, et ...  rouleaux de jardin (je ne citerai pas de nom de lieu !).
  Certaines tentatives de réutilisation n'ont pas abouti: voir les tentatives de sciage à  PONT de Labeaume, et à  MOINGT.
   4) à de rares exceptions près (midi de la France), toutes les bornes ont été déplacées (très peu subsistent sur leur lieu d'implantation originel), soit pour enrichir des collections (c'était à la mode au 19° siècle, celui des "antiquaires"), soit à cause de travaux (voirie, remembrement des terrains agricoles). Ce qui est plus à déplorer, c'est qu'on ignore l'emplacement d'origine; on peut tenter de le trouver, à condition de pouvoir lire l'inscription du lieu le plus proche et sa distance, de connaître l'emplacement de ce lieu, de savoir sur quelle voie la borne était située, et de connaître le tracé de la voie; ces conditions sont rarement toutes réunies.
   5) l'appellation des bornes est souvent déroutante;
 - certaines sont nommées par leur lieu d'origine -qui, comme on vient de le dire, est souvent incertain-.
   (le CIL, entièrement en latin, cite le nom des villes romaines, dont l'emplacement n'est pas toujours assuré, même de nos jours)
 - ce lieu d'origine est parfois un lieudit, ou le nom d'une ancienne paroisse.
 - certaines sont nommées d'après leur lieu de conservation (qui peut avoir varié depuis le dernier inventaire).
 - certaines, après une première découverte au cours du 19° siècle, ont été perdues, puis retrouvées par la suite, en un lieu différent.
Ce qui entraîne le fait qu'une même borne peut apparaître sous diverses appellations dans une nomenclature non vérifiée.
 A. GRENIER (1934)  mentionne que sur  un effectif d'environ  550 bornes pour les Gaules, on n'en connaissait (officiellement) qu'une dizaine au début du 19° siècle; c'est au cours de ce 19° siècle (qualifié de "siècle des antiquaires") que des recherches et des recensements ont été très actifs. Ces découvertes ont été facilitées par plusieurs facteurs historiques : les premiers remembrements de terres, le renouveau des constructions catholiques (démolition d'anciennes églises, terrassement pour de nouveaux édifices -après les dégats occasionnés par la Révolution-), et l'émergence de corps académiques, dans la lignée Napoléonienne. Prosper MERIMEE (1803-1870) fut (le premier) Inspecteur des Monuments historiques.

   Les tentatives actuelles d'inventaire partent sur des bases qui sont à réviser; j'ai consulté longuement la base (qui n'est pas encore complète) de FRANCFORT-EICHSTÄTT (Manfred CLAUSS), et je leur ai fait parvenir la liste INSEE des communes, afin qu'ils puissent utiliser la liste des communes actuelles, avec l'orthographe exacte (globalement, un nom sur trois était mal orthographié, soit par emploi d'une orthographe ancienne, soit par erreur de transcription, soit par manque de normalisation: les communes portant un nom de saint se trouvaient sous 4 rubriques: Saint xxx, St xxx, Saint-xxx, St.-xxx). Un minimum de normalisation est absolument nécessaire pour une base informatique, car un ordinateur ne peut pas vous dire instantanément que St et St. sont l'équivalent de Saint.
 ( Manfred CLAUSS a d'ailleurs eu l'amabilité de me remercier pour cet envoi)
   
  En ce qui me concerne, mon but étant d'actualiser ces connaissances, je nomme les bornes par le nom actuel de leur commune d'implantation d'origine, ce qui n'est pas toujours facile (ma nomenclature personnelle comprend plus de 500 bornes pour l'espace actuel de la France -y compris les bornes disparues-, mais environ cinquante nécessitent une enquête de localisation, car je suis incapable, à priori, de déterminer la situation du lieudit, et même le département dans lequel il se trouve).

 

 

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